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Fermes de Figeac, être autonome en protéines sur son territoire

Bernard de Franssu, chargé de mission agro-innovation à Fermes de Figeac et Pascal Nowak, responsable marchés agricoles. « Nous voulons mettre en relation les cultures de Limargue et l'élevage du Ségala. »P. SOISSON

Dans le Lot, Fermes de Figeac étudie différentes pistes pour réduire la dépendance de ses éleveurs aux importations de protéines, notamment de tourteaux de soja.

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«Il s'agit de travailler sur l'autonomie du territoire, plus que sur celle des exploitations de façon individuelle, explique Bernard de Franssu, chargé de mission agro-innovation à Fermes de Figeac, ex-Sicaseli. Nous voulons mettre en relation une zone de culture capable de produire des protéines, la Limargue, et notre zone d'élevage du Ségala, qui en consomme environ 7 000 t par an. » Une démarche à « entrées multiples » qui prend en compte toutes les pistes potentielles de production de protéines.

Relancer les cultures en Limargue

Fermes de Figeac entend tout d'abord développer la culture de la luzerne, légumineuse produisant le plus de protéines à l'hectare (2,5 t/ha). La coopérative teste un séchoir expérimental, avec la Sica Grasasa, en Dordogne, spécialiste de la luzerne déshydratée. Les deux structures travaillent sur une installation « prototype » permettant d'étudier la récolte, le séchage et le pressage, afin de produire de grosses balles.

Des essais ont été réalisés l'été dernier pour déterminer le taux d'humidité maximum de la luzerne au moment de passer en séchoir, la vitesse de séchage, etc. Mais le printemps 2012 ayant été particulièrement pluvieux, il faudra mener d'autres tests l'été prochain, dans des conditions climatiques certainement plus conformes à la météo régionale, pour valider les résultats. Si ceux-ci sont concluants, quelques modules de ce type pourraient être installés à proximité des sites de production de luzerne et connectés à des chaufferies à bois, installées dans le cadre d'un réseau de chaleur valorisant le bois local. « C'est une nouvelle filière qui se construit et s'organise, poursuit Bernard de Franssu. Si nous nous équipons de séchoirs, il faudra créer une structure de type Cuma pour gérer l'utilisation du matériel et cadencer les coupes de luzerne. » La coopérative étudie aussi le potentiel d'irrigation de la Limargue. Il serait, en effet, risqué d'investir dans des modules de séchage, si la production de luzerne n'était pas garantie. « Ces cultures, comme celles des céréales et des protéagineux que nous voulons également développer, vont permettre de revaloriser des terres en pleine déprise, notamment pour des raisons climatiques et de manque d'eau, précise Pascal Nowak, responsable marchés agricoles de la coop. Nous proposerons aux cultivateurs des contrats triennaux avec des prix moyens, qui leur assureront un paiement sécurisé, indépendant des variations du marché. »

Mieux utiliser les ressources en local

« Nous pensons que certains de nos adhérents, qui disposent de parcelles qu'ils ne cultivent plus, qui réduisent leur cheptel car ils approchent de l'âge de la retraite et libèrent des surfaces, ou qui veulent développer les cultures au détriment de l'élevage, peuvent être intéressés par cette proposition », continue-t-il. Fermes de Figeac encourage aussi ses éleveurs à mieux utiliser les ressources du territoire, couvert aux deux tiers de prairies, en y semant des mélanges de graminées et de légumineuses et en les fertilisant de façon raisonnée, avec phosphore et potasse. « Le message est passé, note Pascal Nowak. En 2011-2012, les ventes d'engrais ternaires destinés aux prairies ont augmenté de 9,5 %. » Enfin, des essais ont été réalisés pour introduire du tourteau de colza gras dans la ration alimentaire des bovins. En deux ans, cette nouvelle source de protéines est passée de 0 à 1 000 t utilisées par les éleveurs. « Notre démarche visant l'autonomie en protéines est sur les rails, conclut Pascal Nowak. C'est une politique courageuse, pour une coopérative, car elle entraîne forcément une baisse des ventes d'aliments pour bétail, mais si nous ne faisons rien, ce sont nos éleveurs qui disparaîtront. »

Florence Jacquemoud

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